Se former à l’illustration à 34 ans – épisode 1

J’en parlais dans cet article en début d’année : en 2025, je mets de l’illustration dans mon activité.

J’ai donc décidé de rédiger une série d’articles pour vous raconter mon parcours, et aussi documenter “pour la postérité” (ahah) les différents états et différentes étapes par lesquelles je vais passer. Voici donc le premier article !

Pour ce premier numéro, je vous raconte mon historique avec l’illustration, vers quel type d’illustration je veux me diriger et mon plan pour y arriver.

C’est parti !

Moi et l’illustration – la petite histoire

Flash-back : mai 2010, école Estienne, Paris. La jeune adulte que je suis vient de passer 8 mois intenses en MANAA (Mise À Niveau en Arts-Appliqués, juste après le Bac), au cours desquels elle s’est faite autant gentiment encourager que dévaloriser de manière perverse par ses professeur·es… Tout en gérant à bout de bras un énorme volume de travail à fournir, accompagné d’un sentiment constant de n’être pas assez (douée / bosseuse / intelligente / you name it), le tout en parallèle de sa vie sociale de jeune adulte parisienne (aka boire des verres en terrasse avec ses potes et aller à des concerts).

Bien sûr, elle a énormément de chance : elle est née et vit à Paris dans une famille soutenante et aimante, elle a eu son Bac avec mention, elle a été prise dans cette prestigieuse école car elle a eu une scolarité que certains qualifient de “brillante”. Bref, jusqu’ici tout lui réussit, même si cette année de MANAA a été difficile, et un doux mélange de chance, de privilèges et de travail lui a permis d’arriver à ce moment décisif en mai 2010 : celui des entretiens d’accès aux Diplômes des Métiers d’Art (DMA), dans la même école.

Son rêve alors : intégrer le DMA Illustration (très réputé). Par sécurité, elle passe d’autres entretiens, pour le DMA Typo et le DMA gravure – tout aussi réputés mais qui lui envoient alors moins de rêve. Long story short : elle est refusée en illu, acceptée dans les deux autres, et elle décide d’aller en typo en se disant : “Puisque je suis pas assez forte en dessin d’illustration, je vais aller dessiner des lettres”. C’est le début de sa passion pour l’art de la typographie, puis viennent l’obtention du diplôme, l’entrée dans la vie professionnelle, une année en alternance dans une autre école pour effleurer les métiers du web, puis la création d’une activité indépendante comme graphiste.

Illustration réalisée au Studio pour cet article – éclosion, réflexion, transformation.

Flash-forward : on est 15 ans (!!) plus tard, en 2025. Je fête mes 34 ans cette année et j’ai enfin, grâce à un précieux accompagnement en 2024, renoué avec la moi-qui-dessine (des trucs, des gens, des paysages, des portraits, bref tout ce qui est autre chose que de la typo). Comme ayant été mise sous silence trop longtemps, cette partie de moi a une envie folle de se manifester : est-ce qu’elle va devenir artiste peintre (elle s’est découvert une passion pour la gouache) ? est-ce qu’elle va devenir aquarelliste botanique (elle adore les plantes et les fleurs et trouve la nature magnifique) ? est-ce qu’elle va se former pour donner des cours de dessin en local, dans sa campagne ? est-ce qu’elle va… oser essayer de faire de l’illustration, 15 ans après ses premières velléités ?

Bien sûr, beaucoup de choses ont changé depuis cette année 2010 : j’ai maintenant 11 ans d’expérience pro et indépendante, je me connais et m’assume beaucoup mieux, et je sais ce que ça demande de se former et d’intégrer “commercialement” une nouvelle compétence dans son activité d’artiste-autrice. Je sais aussi que j’ai envie besoin d’avoir plus de dessin dans mon quotidien et qu’un des moyens pour y arriver est de dessiner davantage dans le cadre de mon travail.

Alors, après plusieurs semaines (mois) de réflexion, tâtonnement, exploration, discussions, je me suis sentie à l’aise avec le fait d’envisager de nouveau l’illustration. Mais quelle illustration ?

Quelle illustration ?

Car l’illustration, on la retrouve autant dans les livres pour enfants que sur des packagings, dans des journaux que des vêtements, sur internet que sur des supports imprimés. Donc dire “je fais de l’illustration”, ça ne rime à pas grand chose de plus que de dire “je dessine”.

Du coup, j’ai sondé mes envies, mes rêves même.

Un temps, mon esprit a été attiré par l’illustration commerciale à destination de marques haut de gamme dans la mode ou la beauté (elles ont les sous et l’exigence de qualité)… mais sur le long terme, j’ai redouté le manque potentiel de stimulation intellectuelle dans ce type de projet. Et par ailleurs je n’ai pas hyper envie de servir plus que de raison la grande machine du capitalisme.

[ Cela dit, pour ne pas cracher dans la soupe outre mesure, les seuls projets d’illustration rémunérés que j’ai pu mener à bien jusqu’ici sans trimer pour les décrocher ont été commandés par une marque de vêtements d’intérieur et je suis infiniment reconnaissante envers la DA (ma tante, pour ne rien vous cacher) qui me fait confiance chaque saison pour de nouveaux dessins. ]

Ensuite, j’ai pensé à l’illustration naturaliste, botanique, pour illustrer des livres et autres supports portés sur ce sujet qui me passionne. Mais je me suis heurtée à la patience infinie demandée par le dessin botanique (qui est par essence réaliste et long à finaliser), qui peut m’être bénéfique à certains moments et insupportables à d’autres selon mon état émotionnel (et probablement hormonal) – ce n’était donc pas un choix durable.

Le monde de l’illustration pour enfants ne m’attire pas du tout, et je n’ai pas plus d’appétence (ni de vivacité d’esprit, soyons honnête) pour la caricature de presse.

Par contre, j’aime :

  • faire vivre visuellement des concept et des idées,
  • travailler avec la symbolique et l’inconscient (pas pour rien que j’aime le Tarot),
  • lire, comprendre, apprendre, me renseigner sur des sujets qui me tiennent à cœur,
  • explorer différents sujets et domaines dans ma pratique artistique,
  • les “Beaux Arts” et plus particulièrement les mouvements surréaliste, impressionniste et expressionniste.

Bref, ça a été tout un cheminement pour démêler mes réelles envies, ce qui relevait de l’idée en l’air plutôt que d’une aspiration profonde, ce qui me rebutait et ce que j’aimais de manière sincère et durable, pour arriver à cette conclusion : le type d’illustration qui me correspond est l’illustration éditoriale.

Pour faire court, on peut dire que l’illustration éditoriale est un outil de communication qui permet de renforcer et valoriser une idée, un concept, une histoire racontée par un texte. On est donc dans un contexte de communication et non de marketing, avec la possibilité d’adresser directement le subconscient des lecteur·ices via les images et les symboles.

Exemples d’illustrations éditoriales pour différentes publications. Illustrateur·ices de gauche à droite : Sunnu Rebecca Choi, Nicholas Konrad, Alice Wietzel, Andrea Wan.

Bref, c’est tout ce que j’aime : c’est stimulant intellectuellement, on cherche à aller au-delà du visible et de l’évidence, et ça demande de prêter autant d’attention au fond qu’à la forme.

Le plan pour avancer vers cet objectif

Trop contente d’avoir “trouvé ma voie d’illustratrice” (en tout cas d’en avoir l’impression), c’est maintenant que le vrai travail commence ! Parce qu’il ne suffit pas de se déclarer illustratrice éditoriale pour l’être et recevoir des demandes, tout comme il ne suffit pas de se déclarer graphiste pour savoir faire du graphisme et trouver des clients.

Alors, de manière ultra pragmatique et réaliste, je me suis posée, et j’ai réfléchi à ce que je considère comme mes impératifs, qui sont :

  1. Me former à cette branche spécifique de l’illustration (syndrome de la bonne élève oui mais aussi et surtout simple respect de la discipline : c’est un métier à part entière, donc pour l’exercer, il faut l’apprendre) ;
  2. Monter un portfolio solide et cohérent, autrement dit développer mon style et le valoriser (j’ai plein de dessins à mon actif, mais avoir un bon portfolio ne veut pas dire rassembler toutes ses œuvres et espérer que ça fasse son effet chez des clients potentiels) ;
  3. Me sentir légitime pour démarcher, le moment venu (et pour ça, déjà remplir les deux premiers points et aussi rassurer émotionnellement ma moi-de-2010 qui a été refusée en illustration) ;
  4. Démarcher, me montrer, faire jouer mon réseau pour trouver des premiers contrats (bon, pour ce dernier point, je table sur 2026).

Ensuite, j’ai créé une page Notion pour formaliser tout cela et rassembler, au fur et à mesure, toutes les ressources que je vais utiliser, notamment pour me former.

Je peux déjà vous dire que j’ai suivi et complété ce cours par Mr. Tom Froese sur Skillshare ainsi que ce cours d’Owen Gent sur Domestika. Maintenant, j’entame cette formation complète d’Harriet Lee-Merrion qui m’enthousiasme énormément. Et en parallèle, je compte aussi m’entrainer à la conceptualisation visuelle en illustrant des idioms anglo-saxons, et pourquoi pas également mes propres articles de blog (comme j’ai commencé à le faire ici avec la première illustration que vous pouvez voir plus haut dans la page) !

Je poste également mes premiers projets d’illustration sur mon profil Behance pour leur offrir une existence dans l’espace public numérique ailleurs que sur mon compte Insta, car je ne sais pas encore comment je vais faire évoluer ce dernier. Je vais aussi retravailler la partie illustration de mon site internet (pour le moment c’est un bloubi-boulga de tests et d’explorations, mais je me sens prête à commencer à réorganiser tout ça).

Enfin, je me fais accompagner en coaching par ma chère Olivia (en troc de compétences !) pour travailler sur mes blocages et problématiques internes, émotionnelles et concrètes.

Fiou, on arrive au bout de ce premier article qui ancre dans le réel ma démarche pour ajouter la corde de l’illustratrice éditoriale à mon arc d’artiste et accompagnante indépendante ! Merci de m’avoir lue, j’espère que cela vous a intéressé. N’hésitez pas à me dire ce que cela fait résonner chez vous en commentaire.

À bientôt pour l’épisode 2 !

Signature Judith

Commentaires

2 réponses à “Se former à l’illustration à 34 ans – épisode 1”

  1. Avatar de Marie Colinet
    Marie Colinet

    C’est super apaisant de lire cette petite history-of avec mon thé vert du matin, et ce plan d’action hyper concret. Je trouve ça trop beau que tu renoues avec ton désir de toute jeune étudiante, avec tes possibilités d’adulte ! Et aussi, j’ai hâte de toute la beauté à venir 🤍🤍🤍

    1. Avatar de Judith Gillet
      Judith Gillet

      Oh merci beaucoup Marie pour ton retour et ton soutien sans faille ♥️
      C’est tout à fait ça, renouer avec mon désir de jeune étudiante avec mes possibilités d’adulte, j’adore cette formulation 🥰

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